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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

Témoignage à propos d'une militante radicale "repentie", suite à la lecture du livre

 Bonjour Monsieur Nativel,

Je me permets de faire un retour sur votre livre qui m’a beaucoup marquée, et que j’ai trouvé très intéressant et que je viens de finir de lire, malheureusement encore une fois d’actualité avec la récente attaque.

Je l’ai lu après votre conférence à Biarritz, à la Cité de l’Océan, qui est d’ailleurs très réussie.

(...*)

Pour l’anecdote, je vous avait posé une question à la Cité de l’Océan à Biarritz sur l’affiche de Sea Shepherd (le surfeur confondu avec un connard). Cette orientation sur Sea Shepherd (que vous aviez soigneusement évité de mentionner tout le long de la conférence), n’était pas anodine puisqu’à dire vrai cette association était la raison de ma venue. Une réunionnaise dans l’assistance avait d'ailleurs commenté sur cette association, et je pense que son témoignage était très important et très touchant.

Bref, la raison de mon intérêt sur Sea Shepherd remonte à un différent entre moi, surfeuse de mousses tout les 36 du mois, et ma soeur, surfeuse hebdomadaire, végétarienne, étudiante en prépa agro véto. Sea Shepherd attirait bien sûr sa sympathie, et elle likait plusieurs posts Facebook de cette association. L’un d’entre eux était un réquisitoire contre Greenpeace sur la chasse aux phoques. C’est par cette histoire que j’ai voulu me renseigner sur la guégerre Sea Shepherd Greenpeace, et c’est là que Paul Watson m’est apparu comme un personnage très obscur et mégalomane, ce qui n’était pas bon signe. Il s’ensuit un débat avec ma soeur : je cherche des arguments anti Sea Shepherd, et elle des arguments pro, on les pèse dans la balance et on se fait un avis définitif dessus.

Donc, je cherche des arguments anti Sea Shepherd qui ne convainquent pas vraiment ma jeune soeur (les mensonges de Watson sur son statut de fondateur de Greenpeace, la mise en danger des pêcheurs par les tentatives de faire chavirer des bateaux dans des eaux glaciales, sa contre productivité dans la lutte contre la pêche à la baleine, des liens fascisants difficiles à prouver (l’acronyme de l’asso est quand même SS...), le chavirage de son propre bateau pour accuser ensuite les japonais etc etc). Son statut de fugitif du FBI devient même, bien évidemment, un argument en sa faveur. Je tombe ensuite sur le sujet Crise Requin, et l’affiche « surfeur connard », qui me paraît un bon argument « corde sensible » pour ma soeur passionnée de surf, mais le seul document que je trouve sur le net un réquisitoire assez décousu contre l’association de la part de surfeurs réunionnais (c’est la lettre à l’état pour l’expulsion de Paul Watson, et sa remise au FBI).

Ma soeur n’est toujours pas convaincue, nous jugeons donc à la charge de l’association une simple maladresse envers la communauté de surfeurs réunionnais, et nous convenons d’un match nul. Je vais faire court parce que mon texte est déjà beaucoup trop long mais sachez que votre conférence a réussi l’impossible et tout à fait convaincu ma soeur. Elle a ensuite dévoré votre livre. Sur Facebook, ses likes ne sont plus sur Sea Shepherd mais sur les associations OPR et PPR.

Donc votre livre convainc même un public qui ne vous ait pas acquis du tout, le sympathisant Sea Shepherd métropolitain (mais certes surfeur) !

 Je vous souhaite beaucoup de succès dans la diffusion de votre livre (qui a je pense eu un bon succès sur la côte basque) et éventuellement de vos conférences à venir en métropole.

Je vous souhaite également beaucoup de courage à vous et les usagers réunionnais de la mer, victimes ou non d’attaques. La dernière donne un bon aperçu du déluge des e-citoyens que vous mentionnez dans votre livre. En espérant que la situation se débloque un jour.

Bien Cordialement.

Rachel K. le 01 septembre 2016

Présentation de la conférence de Jean François Nativel, à Biarritz tenue le 19 juillet 2016 à la cité de l'océan, lien conférence

 

 

(...* partie de l'analyse de cette lectrice à propos de la conférence)  "Le public biarrot est probablement un public plutôt facile sur le sujet, puisque peu de gens sont « anti-surfeurs » dans une ville qui se targue d’être la capitale européenne du surf, qui comprend tout à fait les conséquences économiques d’une fermeture de l’océan, et enfin dans un musée qui lie définitivement l’océan au surf par son nom même.

Je reviens sur la conférence parce que le contenu n’était pas tout à fait le même dans votre livre. Notamment, la comparaison avec le reste du monde (les statistiques mort par habitants notamment), étaient mieux expliqués, ou plus frappants, dans votre conférence (c’est toujours plus clair avec un graphique que plusieurs lignes de texte). Les différents types de requins, présents à la réunion (avec ce document qui ne mentionne à peine le requin bouledogue dans les années 80) également.

 Si vous refaites une édition de ce livre, qui doit malheureusement être actualisé d’au moins un chapitre, ce serait une bonne idée à mon sens d’ajouter ces graphes et documents s’ils n’entrainent pas un coût trop important. Le livre me paraît plus personnel et moins factuel, mais c’est également une de ses qualités. Outre l’aspect « crise requin », qui au final, c’est vrai, nous concerne peu en métropole, les questions politiques ouvertes sont intéressantes, sur l’état, les finances de l’écologie, les relations entre l’homme et la nature, les relations entre l’homme et l’homme.

Sur ce dernier point, je me rends compte de la chance que nous avons, sur la côte atlantique, que le surf soit si bien accepté, que l’océan ne soit pas (ou plus ?) une telle lutte sociale. Cela n’a pas toujours été le cas, mais aujourd’hui, le surf est si bien ancré dans la région qui paraît absurde d’imaginer l’océan sans le surf, et encore plus l’océan sans aucune activité nautique ! Quelques remarques encore sur le livre, certains points sont peut-être à reformuler : notamment, je n’ai pas très bien compris la séparation OPR-PPR (notamment, laquelle est pour une collaboration plus politique, et dans laquelle vous êtes membres au final puisque vous semblez présent dans les deux). Globalement, comme je l’ai dit plus haut, les comparaisons Réunion/Monde étaient plus claires dans votre conférences (sur les moyens de prévention et sur les attaques), peut être grâce au visuel des graphiques.

Par contre, j’approuve totalement votre décision de désigner certaines personnes (vos opposants en général) par leur fonction plutôt que par leur nom (directrice de la réserve marine, députée maire de saint paul, etc), je trouve que cela montre un respect de votre part à leur égard qui est tout à fait à votre honneur. Donc, une conférence et un livre très intéressant, je vous félicite."

 


  Couverture du magazine de Biarritz du mois de juillet août 2016, avec un extrait page 41